"Pouvons-nous adopter une stratgie qui fait l'impasse sur l'aspect territorial ?"

Publish date: 2024-08-19


"L'Europe connaît un déficit de croissance qui met en péril notre avenir", a averti José Manuel Barroso en dévoilant, mercredi les grandes lignes de la nouvelle politique économique européenne, "Europe 2020". Politique qui devra encore être entérinée par les 27 lors du sommet des 23 et 24 mars. Le ton du document est nettement plus pessimiste que la défunte stratégie de Lisbonne de 2000 qui devait faire de l'Europe "l'économie de la connaissance la plus dynamique du monde" en 2010. L'un des objectifs - investir 3% du PIB dans la recherche et développement - est reconduit à l'identique, et pour cause : les dépenses plafonnent aujourd'hui à 1,9%. Europe 2020 se fixe quatre autres défis : faire passer le taux d'emploi des 20-64 ans de 69% à au moins 75%, ramener le taux d'abandon scolaire de 15% à 10%, diminuer de 20 millions le nombre de personnes menacées par la pauvreté et réduire comme prévu les émissions de CO2 de 20% au moins par rapport aux niveaux de 1990. Chacun de ces objectifs sera décliné au niveau national en fonction des besoins. Pour suivre les progrès accomplis, la nouvelle stratégie prévoit des "recommandations" suivies d'"avertissements", mais pas de sanctions… José Manuel Barroso, qui plaide pour "une gouvernance économique renforcée", a tenu au passage à rassurer Berlin sur le respect du Pacte de stabilité concernant les déficits publics. "L'application du Pacte de stabilité devra bien sûr être renforcée, et non pas affaiblie" par la nouvelle stratégie, a-t-il déclaré.

Fléchage

Au-delà des déclarations d'intention, Europe 2020 a son importance, puisqu'en vertu du "earmarking" (le fléchage des crédits européens), elle conditionne la politique régionale. Actuellement, les trois quarts des crédits sont fléchés sur les priorités de Lisbonne. Or de cela il n'a pour le moment pas été question. "Pouvons-nous adopter une stratégie qui fait l'impasse sur l'aspect territorial", s'est interrogée l'eurodéputée polonaise Danuta Hübner, lundi, lors d'un débat au Parlement sur l'impact de la crise dans les nouveaux Etats membres. L'ancienne commissaire à la politique régionale sait de quoi elle parle, d'autant qu'elle préside aujourd'hui un groupe parlementaire sur la politique régionale… "Nous n'avons pas besoin d'une super politique imposée à Bruxelles", mais de "sur-mesure", lui a répondu un représentant du gouvernement hongrois, se faisant l'écho des préconisations du rapport Barca d'avril 2009. Cette question du fléchage est actuellement l'objet de débats au Comité des régions : sa nouvelle présidente, Mercedes Bresso, s'est récemment prononcée contre, ce qui ne semble pas être la position de la Coter, la commission du comité chargée de la cohésion territoriale (voir ci-contre notre article du 3 mars 2010 : "Avenir de la politique de cohésion : le Comité des régions est le premier à débattre").
 

M.T.

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